L’exemple le plus connu est sans doute celui du jeune conducteur qui se voit proposer des primes d’assurance automobile à prix excessif, quand l’entre- prise d’assurance ne lui refuse tout simplement pas de l’assurer. On peut également penser à toutes ces personnes âgées qui, précisément en raison de leur âge, voient leur prime d’assurance hospitalisation augmenter démesurément ou encore à ces personnes atteintes d’une maladie quelconque qui ne peuvent, en raison de leur handicap, se voir proposer une assurance solde restant dû (crédit) à prix raisonnable. Ces trois exemples – on pourrait en citer de nombreux autres – démontrent que certains services d’assurance sont difficilement accessibles voire inaccessibles alors que les assurances constituent pour chacun un service essentiel à une bonne qualité de vie.
Cette situation s’explique par le mode de gestion du secteur des assurances qui repose principalement sur le but de lucre. Cette recherche de profit a pour conséquence que le secteur des assurances tend à n’assurer que « les bons risques », soit ceux qui sont rentables (lorsque la disponibilité à payer des assureurs excède la somme de l’indemnisation moyenne estimée et du profit souhaité par la société privée). Cette situation est défavorable pour ceux qui ne parviennent pas à s’assurer mais également pour l’ensemble de la société du fait du rôle économique essentiel des assurances.
Entre recherche de profit et délivrance d’un service de qualité accessible à tous, le modèle économique libéral (la loi du marché) sur lequel repose principalement le monde assurantiel contemporain semble aujourd’hui montrer ses limites. Dans ces conditions, une question se pose : comment l’Etat peut-il aujourd’hui permettre à chacun d’avoir un accès aisé aux services d’assurances essentiels à une meilleure qualité de vie ? En d’autres termes, quelle alternative réaliste peut-on aujourd’hui proposer au modèle actuel de gestion des assurances ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous procéderons en trois temps. Dans un premier temps, il sera nécessaire d’expliciter le concept d’assurance dans le but de clarifier l’exposé. Notre question de recherche touchant directement à la problématique de l’interventionnisme étatique, nous exposerons, dans un second temps, synthétiquement et simultanément, l’histoire des concepts d’assurance et d’État afin de tenter de saisir les grandes évolutions croisées de ces deux objets d’étude. Enfin, nous proposerons une évolution possible du modèle actuel.
Thème FWB: « Enjeux macrosociaux et institutionnels ».