Aux États-Unis, la liberté d’expression est protégée de manière quasi absolue par le Premier Amendement, fondée sur l’idée du « marché des idées » où la vérité émerge du débat libre, même face à des propos haineux. En Europe, cette liberté est encadrée par des principes démocratiques visant à préserver la dignité humaine et la cohésion sociale, ce qui justifie des restrictions plus strictes, notamment contre les discours de haine. La Cour européenne des droits de l’homme reconnaît la liberté d’expression comme essentielle à la démocratie, mais admet des limitations proportionnées pour protéger l’ordre public et les droits d’autrui.
La présente étude met en lumière les tensions croissantes autour de la liberté d’expression à l’ère numérique, où les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de l’information. Ces plateformes, souvent non régulées, facilitent la propagation de discours haineux, de désinformation et décontenus polarisants, menaçant ainsi la qualité du débat démocratique. Elle souligne l’instrumentalisation de la liberté d’expression par certains courants politiques, notamment conservateurs ou d’extrême droite, qui s’en servent pour légitimer des propos discriminatoires tout en dénonçant le « politiquement correct ». Cette inversion du rôle historique de la liberté d’expression, autrefois outil de défense des minorités, devient un levier de domination contre elles.
Enfin, la présente étude appelle à une régulation équilibrée de la liberté d’expression, notamment en ligne, pour préserver les valeurs démocratiques. Elle met en avant des initiatives comme le Digital Services Act de l’Union européenne, qui impose des obligations aux grandes plateformes pour lutter contre les contenus illicites. Elle insiste sur la nécessité d’un engagement collectif entre États, institutions, plateformes et citoyens pour garantir un espace public respectueux, pluraliste et inclusif. La liberté d’expression doit rester un pilier de la démocratie, mais elle ne peut être absolue si elle devient un vecteur de haine ou de manipulation. Elle doit être protégée, encadrée et utilisée au service du dialogue, de la vérité et de la cohésion sociale.