Protection de la diversité des semences et développement des circuits alternatifs

Dans le climat actuel d’instabilité de la géopolitique de l’alimentation (guerre en Ukraine, aléas climatiques, crise de l’énergie), l’inflation exceptionnelle actuelle touche fortement le secteur agroalimentaire.

Dans le climat actuel d’instabilité de la géopolitique de l’alimentation (guerre en Ukraine, aléas climatiques, crise de l’énergie), l’inflation exceptionnelle actuelle touche fortement le secteur agroalimentaire.

Cet « État de la question » a été élaboré par Gloria Soton, stagiaire de l’Institut Emile Vandervelde,
étudiante en Master 2, Sciences et Gestion de l’Environnement (IGEAT/ULB)

Maitre de stage : Wissal Selmi

Cette note d’éducation permanente se focalise sur le secteur agricole et plus particulièrement les céréales. Leurs prix sont très instables et affectés par ces différentes crises.

Les éléments apportés permettront de comprendre toute la complexité de ce secteur. Notre contexte est européen, mais une dimension plus internationale est également apportée vu l’importance stratégique de la Russie et de l’Ukraine. De nombreux pays dépendent largement de l’importation du blé ukrainien, notamment dans le bassin méditerranéen (90% pour l’Egypte)1, ce qui augmente considérablement l’insécurité alimentaire dans différents pays. Ainsi, l’importance d’une relocalisation de la production, liée à l’enjeu de la souveraineté alimentaire, est au cœur de nombreux débats.

Cet article retracera rapidement l’histoire du blé et de la sélection des semences en Belgique et en France. Cette sélection, soutenue par la sphère scientifique, a causé un basculement de paradigme sans précédent. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les variétés de blé cultivées étaient des « blés pays », des variétés de populations hétérogènes avec une grande capacité d’adaptation à leur milieu. En quelques dizaines d’années, les paysans ont été dépossédés de leur capacité à sélectionner et à produire leurs graines, au profit des entreprises semencières. Ce changement a été rendu possible par la mise en place d’un système juridique et économique dévolu au marché des semences. La création de ce marché s’est réalisée grâce à deux mécanismes fondamentaux : la standardisation et la privatisation. Les semences sont ainsi passées du statut de bien commun à celui de marchandise privée détenue par une poignée d’entreprises armées de brevets et du soutien des catalogues nationaux qui sont dès lors pleinement responsables de la marchandisation du vivant.

Outre la perte d’autonomie des agriculteurs, l’agrobiodiversité (la diversité des espèces cultivées) a été fortement touchée puisque le nombre de variétés s’est effondré, en un siècle seulement. La promotion des semences sélectionnées façonne le modèle agricole productiviste dévoreur d’intrants, de produits phytosanitaires et d’énergies fossiles.

La présente note rappelle aussi quelques défaillances du marché libéralisé qui peuvent causer des crises alimentaires, ainsi que des thématiques controversées autour des usages non alimentaires des céréales (l’alimentation du bétail et les agrocarburants).

Enfin, le document se termine par une présentation de quelques pistes pour reconquérir une autonomie dans ce système semencier et agricole. Parmi les pratiques alternatives, il y a la valorisation de produits agricoles locaux, le choix d’un modèle coopératif approprié aux enjeux ou encore la recherche de l’autonomie fourragère.

 

Thème FWB: « Enjeux macrosociaux et institutionnels ».